OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Hacker, ce fantasme cathodique http://owni.fr/2011/04/15/hacker-ce-fantasme-cathodique-piratage/ http://owni.fr/2011/04/15/hacker-ce-fantasme-cathodique-piratage/#comments Fri, 15 Apr 2011 18:00:49 +0000 Antoine Mairé http://owni.fr/?p=57282 Il aura fallu attendre ce vendredi soir. Une heure et quart de documentaire pour voir combler une attente, celle de voir la pratique du hacking traitée avec nuance. Dans Pirat@ge, diffusé ce soir sur France4, il est retracé trente ans d’avancées technologiques aussi bien que de dérives hors des lois, illustrant la complexité du hacker. Un bouffée d’air frais dans l’inconscient télévisuel collectif. Jusque là, le héros originel, né à la fin du siècle dernier, était davantage ce copieur de CD devenu ensuite créateur de virus. Dans les rédactions, il a été naturel de portraitiser les auteurs de la cyber guerre russo-estonienne de 2007, d’actions de grande envergure comme Wikileaks ou Anonymous, ou d’intrusions aléatoires dans les systèmes de sociétés. Passons à la loupe cinq reportages.

- “Les cyber-criminels”, Envoyé spécial, France 2, mai 2009

- “Les guerriers du web”, Première, septembre 2009 (Canada)

- “Les nouveaux pirates de l’informatique”, Spécial Investigation, Canal+, septembre 2010

- “Assange ou démon ?” et “Internet : l’arme fatale”, Complément d’enquête, France 2, février 2011

Comme les titres le laissent penser, il s’agit surtout de s’intéresser aux hackers qui profitent des failles de systèmes informatiques à des fins pernicieuses. Afin de résumer clairement leurs propos, rassemblons les témoignages, assertions et conclusions, pour répondre à cette question : qu’est-ce qu’un hacker d’après les reportages télé ? Portrait-robot. (attention, pour les besoins de l’enquête, toutes les citations n’ont pas été modifiées)

Il n’a pas de visage

Le hacker est flouté. Il est né avec une peau nébuleuse, la voix distordue, et marche toujours vu de dos. Bien entendu, il s’agit de protéger les témoins, a fortiori quand ils marchent sur le fil tendu de la loi. Le réalisateur de Pirat@ges a préféré éviter ce genre de plan :

“Il a fallu sacrifier des séquences à cause d’un rendu trop allusif. On voulait voir des visages et dire des choses qu’on pouvait montrer sans détourner la caméra. Avec le hacking, on est confronté avec la difficulté de bien mettre en images. Et quand on veut répondre à la question “qui sont ces gens ?, on veut vraiment montrer qui ils sont !”.

Il est adolescent

Interviewés dans Spécial Investigation, Olivier, Sylvain et Damien, ont entre 17 et 22 ans, et aiment porter des sweat-shirt à capuche. Il font partie de “la génération jeux-vidéo”, donc ils sont jeunes, même si la pratique à 30 ans. “Un gamin aurait pu créer” Blaster, virus au centre de l’attention des “Guerriers du Web”, d’ailleurs “la majorité des pirates, ce sont des gamins” nous dit-on.

Il n’est pas adolescent

Carl de “Internet : l’arme fatale” est un “étudiant de moins de trente ans”. Roycetrack de Spécial Investigation a 25 ans.

Il n’est pas particulièrement doué

“Pour Roycetrack, le piratage est un jeu d’enfant” dans Spécial Investigation. Le pirate n’a d’ailleurs jamais étudié l’informatique. Ainsi tire-t-il ses compétences de “forums ouverts à tous”. Seuls Carl et les témoins russes d’Envoyé Spécial sont des “génies du net”. Le niveau “hacker débutant” est confirmé par une scène dans laquelle un concours pour cracker les antivirus est organisé, où “certains participants sont loin d’être des grandes pointures de l’informatique”. De toute façon, d’après des scientifiques interrogés dans Spécial Investigation, la technologie pour pirater des cartes est “à la portée de n’importe quel voyou.”

Il pirate pour s’amuser

Pour Sylvain de Spécial Investigation, “c’est un jeu”. Et la voix-off d’appuyer : “Ce matin, pour s’amuser, ils ont décidé de défier la police”.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Il fait des choses pas très bien

“Internet : l’arme fatale” s’intéresse à un collégien clermontois condamné pour avoir mené une attaque des Anonymous. Il est décrit comme “un cyber-zorro qui pourrait être sympathique, dont la cause pourrait être noble”. Une assertion qui pourrait ne pas être orientée. En retour plateau, Benoît Duquesne est pugnace face à Henri Guaino, mais lui tend une perche amicale : “les principes des hackers, vous les condamnez n’est-ce pas ?”. C’est pas joli joli ce qu’ils font n’est-ce pas ? Allez, dites-moi oui Henri.

Il est un peu politisé

Roycetrack “se dit activiste, défendant des causes politiques.” Les ados à capuche sont décrits comme “des anars d’un nouveau genre” et tiennent un discours politique (bien que légèrement formaté) : “Le ministère de la culture s’est illustré dans la lutte, enfin Hadopi et tout ça, ils veulent nous éradiquer mais on veut leur montrer qu’on est là”. L’éthique libertaire et démocratique ? Le projet social contre le protectionnisme économique ? Les idées de Carl sont, certes, clairement mises en avant. Mais le danger est plus agréable à illustrer. Où se trouvent le plaisir, même égoïste, et la passion, même destructrice ? Au diable : l’avarice est supérieure semble dire ces reportages, et l’argent, la fin de tous leurs talents.

Il est riche

Tous les pirates présentés disent gagner entre 5 000 et 15 000 euros de leurs magouilles. D’après Première, “ces dernières années, les vilains garnements ne sont plus le problème : tout tourne autour de l’argent”. La raison d’être des pirates ? Voler des codes de carte bleue. L’augmentation de la cyber-criminalité, “certains la comparent au trafic de drogue”. On attend encore les millions de morts dus à des virus informatiques… Le piratage égal au trafic de drogue, vraiment ?

Il a un pas dans l’illégalité

Pour les besoins des reportages, les témoins exécutent des piratages. Avant de se voir retourner dans Complément d’Enquête : “vous savez que vous êtes hors la loi là ?”. Comme si le journaliste s’attendait à se voir répondre “ah bon ? Je ne savais pas, merci d’être passé”. Quand Carl parle de contre-pouvoir, réalisant une veille latente contre les irrégularités de gouvernements, la voix-off résume cela par un “pouvoir de nuisance”. “Pas de pitié pour ces militants du net” continue la voix, manquant de laisser transparaitre un rire machiavélique. Que les actions soient non violentes ? Quelle question, c’est illégal m’enfin ! Étrange discours quand, interrogé, l’auteur du reportage inquiétant, minimise :

Je n’ai pas cherché à tenir un discours anti-hackers, je ne les considère pas comme des personnes particulièrement dangereuses, me rangeant par ailleurs du côté de leur désir de transparence.

Il est armé

Leur arme [aux ados à capuche], une petite antenne très puissante achetée à l’étranger.

Il est dangereux

“On pourrait tuer quelqu’un en un clic” raconte l’un des ados à capuche au moment où il a le pouce posé sur l’icône fatidique “Redémarrer le système du parc informatique d’un hôpital”. Il ne le fera pas, “mais ils ne sont pas toujours aussi conciliants”.

Il fait peur

En 2003, une gigantesque coupure de courant immobilise Toronto. Officiellement, c’est un dérèglement accidentel, mais un virus informatique pourrait en être la cause. Rien n’a été prouvé, “la question reste en suspens” dit la voix off des “Guerriers du web”. Mais cela file les jetons, c’est le principal. A fortiori dès lors que Mary Kirwan, consultant en sécurité, prend la parole :

Quelqu’un réussira [un jour] à accéder aux systèmes et faire des ravages, nous ne serons plus en mesure d’accéder à notre banque en ligne, de passer des coups de fil et d’allumer la lumière. L’économie va s’arrêter.

Changez de mot de passe, changez de banque, changez de visage, rien n’y fera, car on va tous mourir.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Il est pirate, ou hacker, ou les deux, on ne sait plus

Quand “Cyber-criminels” part sur les traces de l’un d’eux, nommé Corpse, les reporters se rendent en Russie, le pays “où les hackers sont rois”. J’amalgame, tu amalgames, il amalgame. D’autant plus que, hacker ou cyber-criminel, la frontière est mince : “on peut sans trop d’ennui passer de simple bidouilleur technique à cyber-criminel.” Pour nous aider à tracer la frontière, Première résume :

Les chapeaux blancs, ce sont les gentils, ils chassent les virus ou sont vos collègues du service informatique. Les chapeaux noirs, les créateurs de virus ou les filous qui essayent de vous voler votre carte de crédit. Les chapeaux gris, mangent à tous les rateliers, des mercenaires de ce far west.

Il a une conscience

Dans Spécial Investigation, les ados à capuche appellent l’hôpital cracké pour les prévenir de la faille informatique. Voilà un exemple de pirate sensible aux répercussions de leurs actes. On ne sait rien pour autant de l’évolution des technologies que les hackers ont permis. Des dizaines de minutes passées à expliquer comment ils détruisent auraient pu être agrémentées d’exemples d’hackers améliorant les mêmes systèmes. Elles auraient pu. Exemple : une conférence du Chaos Computer Club explique comment créer son propre réseau de téléphone. Est-ce une performance technique ? Une avancée technologique, pouvant pousser à l’amélioration des systèmes ? Ou rendre public leurs avancées pour mettre à mal le crime organisé ? Peu importe, c’est illégal pour Envoyé Spécial.

Il est inconscient

Les ados à capuche “prennent leurs escroqueries à la légère”. Pour Première, “quand on met la main sur les auteurs, on découvre la plupart du temps qu’ils agissaient pour s’amuser, pour épater leurs copains. Bien souvent, ce sont des gosses qui n’ont aucune idée de ce qu’ils font”.

Il fait des choses qu’on ne comprend pas

L’image préférée du réalisateur de “Les Guerriers du web” est faite de lignes de code, de matrices et numéros qui se suivent à grande vitesse. Ils sont trop forts ces hackers, dont “l’univers est un monde louche”. Toutes les captures d’écran ci-dessous proviennent de ce documentaire.

Ces images de science-fiction sont l’image de coupe parfaite pour ce type de reportages. Etienne Rouillon s’en amuse : “on les a évitées autant que possible. On a finalement mis deux images de matrice, on n’a pas pu s’en empêcher. C’est évidemment un raccourci illustratif, symptomatique de la difficulté de rendre à l’image la pratique du hacking.”

Julian Assange est son dieu vivant

Dans Complément d’Enquête, on parle d’Assange (à charge). On parle de militantisme, de talent, de passion, de paranoïa, d’autoritarisme, de malice et d’intelligence. Bref, d’un être complexe et forcément un héros pour les passionnés d’informatique comme Carl qui se réclame du fondateur de Wikileaks.

Il est parano

“Il y a les flics derrière, bougez pas, bougez surtout pas” paniquent Sylvain et Damien après avoir piraté un site gouvernemental. Benoît Duquesne : “Qu’Assange soit parano, est-ce que c’est propre à ces gens qui sont sur Internet ?”. Ces gens qui sont sur Internet… Faut vous dire monsieur, que chez ces gens-là, on ne vit pas monsieur, on triche (avec la loi). La personne interrogée répond que oui, lui, activiste du net tunisien sortant d’une révolution, est inquiet d’être surveillé. Un peu plus tôt dans le reportage, il était évoqué l’enfance trouble d’Assange et de sa mère traquée par une secte, ce qui aurait encouragé ses instincts paranoïaques. Comment ça ? Sa paranoïa ne viendrait pas de sa passion numérique ? Peut-être qu’il ne fait pas partie de ces gens-là.

Certains traits de ce portrait-robot sont contradictoires ? Peut-être est-ce une preuve que le pirate n’est pas toujours celui qu’on aimerait voir. Yvan Martinet, réalisateur de “Internet : l’arme fatale” se défend d’avoir généralisé : “quand je fais le portrait de quelques-uns d’entre eux, je m’intéresse à des cas particuliers, ne disant pas qu’ils sont représentatifs.” Les voix off aux airs de Stentor n’aident cependant pas à se créer une vision nuancée.

Ce qui intéresse les télés est moins les enjeux diplomatiques ou économiques des piratages que de pointer du doigt les auteurs. Il est certes moins porteur de filmer un conflit informatique, des attaques de DDoS et la passion d’experts au discours abscons (ils parlent avec des termes anglais) qu’un petit génie aux cheveux gras manipulant des lignes de code. La recette télégénique est évidente : un nerd, un écran d’ordinateur difficile à comprendre et une voix off anxiogène. Vous avez votre reportage.

Photo FlickR CC AttributionNoncommercialNo Derivative Works purplemattfish

]]>
http://owni.fr/2011/04/15/hacker-ce-fantasme-cathodique-piratage/feed/ 12
Reportage sur un site odieux http://owni.fr/2010/04/01/reportage-sur-un-site-odieux/ http://owni.fr/2010/04/01/reportage-sur-un-site-odieux/#comments Wed, 31 Mar 2010 22:00:09 +0000 Alexandre Léchenet http://owni.fr/?p=8130 C’est la mode du moment sur Internet. Tout le monde, jeune ou vieux, a déjà visité au moins une fois ce site sulfureux. Le principe ? Vous êtes connectés au hasard à n’importe quelle personne également connecté à Internet par le moyen d’une webcam. Le nom du site ? Chatroulette.

Nous sommes allés rencontrer Steven*, un jeune de vingt-trois ans, utilisateur régulier de Chatroulette. Il nous explique comment il a découvert le site. “J’étais sur Facebook et quelqu’un a posté un lien vers Chatroulette, j’ai cliqué sur ce lien et je suis arrivé sur le site.” Ce site se présente d’une manière simple, deux fenêtres où s’affichent les vidéos et une fenêtre permettant de discuter. “J’ai donc allumé ma webcam et ai appuyé sur le bouton Start, ma tête est apparue sur une fenêtre et la tête de quelqu’un d’autre dans l’autre fenêtre. Nous avons alors discuté pendant cinq minutes. C’était une fille qui habitait à New-York. À un moment, elle a disparu. C’est alors que j’ai compris qu’on pouvait passer d’une personne à une autre grâce au bouton Next.” Le site, dans son fonctionnement rappelle un autre site sorti il y a quelques mois, Omegle. Il connectait dans une fenêtre de chat deux inconnus tous les deux connectés au site. L’idée en plus sur Chatroulette, c’est la vidéo.

La connexion aléatoire permet donc de tomber sur n’importe quoi, et bien évidemment, s’y retrouvent tous les pervers du Net. À la moindre pression du bouton Next, il est fort probable que l’image que vous voyiez soit un homme demandant à voir vos seins, voire même, et c’est hélas trop fréquent, un homme en train de se masturber face à la caméra. Et quand ce ne sont pas des images explicites, c’est pire, avec des personnes déguisées en chat, laissant imaginer les pires fantasmes ou des vidéos automatiques. Et le plus grave, c’est que ce site n’est pas interdit au moins de 18 ans. Il y a seulement, sur la page d’accueil, la mention “You have to be at least 16 years old to use our service” ainsi qu’une précision sur le fait que les images pornographiques, obscènes, offensantes ne sont pas tolérées et que celles-ci seront bloquées. Mais rien n’indique que c’est fait et surtout, rien ne vérifie si l’utilisateur a bien plus de 16 ans.

tumblr_kxeprrgzel1qaa7t1o1_400

Nous sommes entrés en contact, grâce à ce site, avec un jeune homme, Antonio*, qui habite au Brésil. Il a 15 ans et c’était sa troisième utilisation de Chatroulette. Il nous a expliqué visiter le site pour s’amuser après l’école et pour se faire des amis. Interrogé sur le nombre forcément impressionnant de sexe d’hommes qu’il a pu voir, le jeune homme rigole et nous dit qu’il suffit de presser “Next” pour ne pas les voir. Pourtant, lors de notre test, nous avons été confronté à plus de 25 pénis en cinq heures d’utilisations. Nous demandons alors au brésilien pourquoi ses parents le laisse fréquenter ce site. “Mes parents ne savent pas ce que je fais sur Internet.

Nous sommes maintenant à l’Assemblée Nationale. Dans son bureau du bâtiment Chaban-Delmas nous avons rencontré un député UMP et lui avons montré une vidéo de notre expérience sur ce site. Sa réaction était à la hauteur des insanités visibles. “Comment peut-on laisser nos enfants face à de tels sites, à la merci du premier pédophile venu ? Heureusement, avec des lois telles que la LOPPSI, en discussion actuellement à l’Assemblée, nous pourrons filtrer des sites aussi dangereux que ça pour la sécurité de nos enfants.

tumblr_kwxcglps6t1qzhb4oo1_400Revenons au jeune brésilien. Quand on lui fait comprendre qu’il pourrait rencontrer des pédophiles sur le site, il élude notre remarque. “N’importe qui peut me parler, mais j’ai le choix de tout de suite le nexter. De toutes façon, si la personne à qui je parle est trop vieille, je la nexte tout de suite. Et une fois que je l’ai nextée, aucun moyen pour la personne de me retrouver. C’est plus dangereux quand je me promène dans la rue, à la merci d’un exhibitionniste.

Pour en savoir plus, nous avons tout d’abord tenté de discuter avec une femme montrant ses seins. Après de nombreuses tentatives de chat, nous nous sommes finalement rendu compte qu’il ne s’agissait que d’une vidéo tournant en boucle sur le site.

Nous avons donc essayé de poser des questions à un homme se masturbant, pour connaître ses motivations. Après de nombreux refus ou des demandes à notre reporter de se déshabiller, un homme, Jérémy*, a accepté de nous répondre tout en continuant à toucher son sexe. Il nous a expliqué que Chatroulette était pour lui un moyen de s’amuser avant de se coucher. En montrant son sexe, il dit être clair sur ses intentions avec les autres visiteurs et apprécie lorsque quelqu’un de l’autre côté de la webcam accepte de jouer avec lui. Lorsque nous lui demandons ce qu’il entend par jouer, voilà sa réponse : “Le fait de se caresser devant une autre personne faisant la même chose, de pouvoir interagir avec elle et de répondre à ses demandes est très excitant. Bien plus qu’un film pornographique.” Le principe est connu sous le terme de cam2cam et les demandes y sont très crues. Il y a quelques mois, nous avions filmé la pratique sur un chat où un internaute commençait par “Coucou, tu veux voir ma bite“. Il ajoute que sur Chatroulette, le fait de le faire avec quelqu’un d’inconnu permet d’ajouter du piquant et surtout, de ne pas risquer de rencontrer la personne qui a montré son sexe ou ses seins le lendemain dans la rue.

Valérie*, de l’Association Action Innocence nous raconte l’expérience des chats avec les inconnus. “Les enfants doivent toujours être attentifs et ne jamais donner d’informations personnelles et toujours penser que la webcam peut-être enregistrée. S’il tombe sur des images qui le choque, dites-lui que c’est tout à fait normal d’être choqué. C’est le rôle du parent d’expliquer à l’enfant qu’il n’est pas coupable et que c’est important d’en parler.”

Un sociologue a développé une thèse sur la Génération Zapping. “Alors que nous prenions le temps de rencontrer des gens, de nous séduire et de discuter, les jeunes aujourd’hui sont dans la consommation, le zapping. L’émission Next sur MTV donne ainsi une idée de ce qui se passe au niveau amoureux chez les jeunes. Un jugement rapide sur l’apparence et pas du tout sur les critères normaux. À n’en pas douter, le fait qu’un jeune homme au physique ingrat se fasse trop souvent nexter sur Chatroulette aura des conséquences désastreuses sur son avenir. Et il est urgent d’éviter de telles dérives, sans quoi nous aurons des vagues de suicides Chatroulette.”

Martin*, père de famille, nous donne son avis sur Chatroulette : “Sur le site, il existe bien un moyen de reporter du contenu illicite, mais cela ne semble pas marcher tant le nombre de vidéos offensantes est important. Ce site est dangereux, très dangereux. Je suggère à tous les parents d’en interdire l’accès à leurs enfants. Hélas, le fait que le site soit russe me laisse penser que nous ne pourrons pas le supprimer facilement.

Sur Internet, personne ne sait que vous êtes un chien

Sur Internet, personne ne sait que vous êtes un chien

C’est la raison pour laquelle nous nous rendons en Russie, à Moscou. Nous venons de faire la connaissance d’Andrey. Andrey, si on le rencontre c’est parce que c’est à lui que l’on doit l’odieux site. Tout d’abord, lorsque nous rencontrons Andrey, ce qui nous choque, c’est son âge. Il a 17 ans et est donc encore mineur. “Si j’ai créé le site, c’est avant tout pour m’amuser. Je trouvais ça tellement drôle de parler avec mes amis sur Skype que je me suis dit que j’allais faire la même chose avec le monde entier. Malgré l’absence de publicité pour le site, les gens ont commencé à venir sans que je ne sache comment. Et de 10 à 50 connexions simultanées, cela est vite grimpé jusqu’à plus de 20 000 aujourd’hui. Je trouve cela génial que mon site soit un simple concept qui ait une utilisation différente pour chacun. Certains pensent que c’est un moyen de s’amuser, d’autre un moyen de se connecter au monde et d’autres enfin que c’est un site de rencontres. Que des gens l’utilisent de manière pas très sympathique ne me plaît pas trop, mais d’autres l’utilisent d’une façon tellement fantastique que ça m’éclate d’avoir fait Chatroulette et que c’est un plaisir que de travailler dessus.

Ce site prouve donc à quel point Internet est un endroit dangereux et une zone de non-droit. Le site est hélas encore accessible aujourd’hui, et vous n’imaginez pas combien de sexe en érection sont déjà apparus sous les yeux de vos enfants alors que vous regardiez ce reportage.

*les prénoms ont été changés

disclaimer: ce reportage n’a pas été encore diffusé et a été inspiré par ces articles (l’interview de Andrey, Bits, Glazman, Slate.fr, Abstrait≠Concret, Le Post, Action Innocence) et par un reportage existant ainsi que par de réelles conversations et expériences sur Chatroulette. Les images viennent de captures d’écrans de Chatroulette faites par un site sur Tumblr.

> Photo d’illustration en page d’accueil par SykoSam sur Flickr

]]>
http://owni.fr/2010/04/01/reportage-sur-un-site-odieux/feed/ 18
15/20 au reportage sur Twitter dans Envoyé Spécial http://owni.fr/2010/03/03/1520-au-reportage-sur-twitter-demain-soir-dans-envoye-special/ http://owni.fr/2010/03/03/1520-au-reportage-sur-twitter-demain-soir-dans-envoye-special/#comments Wed, 03 Mar 2010 17:50:40 +0000 Vinvin http://owni.fr/?p=9376 twitter

Une copine qui bosse chez France Télévision m’a filé le docu pour recevoir un avis. Elle savait que c’était risqué la coquine. Bel esprit.

Pour être honnête, si vous êtes déjà sur Twitter, vous n’apprendrez rien, mais vous serez heureux de retrouver des têtes connues, ces avatars que vous croisez tous les jours entre Twitts et Re-Twitts : @gonzague, @juliachou, @Marion_mdm, @audebaron, @egoflux, @aplusk (Ashton Kutcher) et quelques autres…

Si vous n’avez pas encore franchi le cap du micro-blogging, la présentation globale est plutôt bien foutue. On n’essaie pas de faire passer les accrocs du mini message pour des tarés qui disent à tout le monde quand ils vont aux toilettes ou qu’ils mangent une pizza, critiques habituelles des pourfendeurs de réseaux sociaux. Ils ont bien fait le tour du lien au réel, des vraies rencontres, des interactions qui ont fait bouger les choses, notamment pendant la crise Iranienne, avec l’histoire de Neda racontée par Tristan Mendès-France. On aborde également la notion de temps réel et l’urgence de l’information, de la prise de pouvoir du citoyen témoin qui va plus vite que le journaliste dans la captation des événements (mais pas de leur analyse, soyons sérieux). Le point de vue est honnête et relativement complet. On visite les locaux de Twitter à SF, et les propos de Biz Stone (un des fondateurs) sur la monétisation sont intéressants (même si pas nouveaux quand on est accroc au sujet ;-). Les geeks regretteront qu’on n’aborde pas les perspectives d’avenir et un approfondissement des centaines d’applications possibles, mais pour un reportage grand public qui sert d’explication, le compte y est et le cahier des charges parfaitement rempli.

Formellement, j’ai juste du mal avec le ton de voix à la Capital qui, me semble-t-il, a vécu et devrait être éradiqué. Quand le journaliste pose la question “mais qui se cache derrière ce service…?”, j’ai envie de lui dire “personne mon ami, c’est hyper ouvert, transparent, les fondateurs sont accessibles et tout le monde connaît l’adresse…”. Pas besoin de tomber dans “l’enquêtisme” à deux balles avec ton dramatisant et révélations qui n’en sont pas. Donc, à part cette petite névrose que j’ai avec ce ton de voix, le truc est très bien foutu et mérite d’être montré à vos familles et amis qui continuent de ne pas vous comprendre, comme lorsque vous avez ouvert votre blog en 2004/2005.

Chère amie de France Télévisions, n’hésite pas à me redemander, je serai toujours ouvert ;-) !

Billet initialement publié chez Vinvin

Photo joelaz sur Flickr

]]>
http://owni.fr/2010/03/03/1520-au-reportage-sur-twitter-demain-soir-dans-envoye-special/feed/ 0
Envoyé Spécial : Hadopi et les pirates /-) http://owni.fr/2009/11/23/envoye-special-hadopi-et-les-pirates/ http://owni.fr/2009/11/23/envoye-special-hadopi-et-les-pirates/#comments Mon, 23 Nov 2009 15:34:26 +0000 Guillaume Ledit http://owni.fr/?p=5665 Cliquer ici pour voir la vidéo.

Un reportage que je n’ai pas encore eu l’occasion de voir en entier, mais qui me semble présenter les choses de manière assez mesurée. Le ton de la première partie n’est en tous cas pas aussi alarmistes qu’à l’accoutumée.

En bonus, une séquence avec Pamela Hute, qui avait l’occasion d’expliciter ses positions sur la soucoupe.

Enjoy !

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

]]>
http://owni.fr/2009/11/23/envoye-special-hadopi-et-les-pirates/feed/ 6