Le député socialiste Michel Françaix, rapporteur pour avis de la commission des affaires culturelles sur le ciblage des aides, accumule ainsi les exemples :
Le phénomène n’est pas neuf : comme on a déjà eu l’occasion de le montrer ici, lorsque l’État offre de l’argent à la presse pour se « moderniser » celle-ci le consacre très majoritairement – de façon croissante – à rénover ses imprimeries. La fabrication représentaient en 2006 et 2007 quelque 80% des sommes allouées par le fonds de modernisation quand le développement du numérique restait sous le seuil de 1% !
Le rapport de Michel Françaix
Le rapporteur spécial du budget, le député UMP Patrice Martin-Lalande, note que « depuis 2009 et à la suite des états généraux de la presse écrite, (…) les pouvoirs publics ont parfaitement respecté leurs engagements. En revanche, il n’est pas certain que les professionnels du secteur aient profité de cet effort exceptionnel pour mettre en œuvre les réformes fondamentales dictées par les bouleversements économiques, techniques et technologiques auxquels celui-ci doit faire face. (…) Eu égard au soutien public massif dont il bénéficie, le secteur a une obligation de résultats et c’est avant tout aux professionnels qui le composent qu’il revient de prendre leurs responsabilités afin de faire émerger un modèle de long terme. »
Et pour être tout à fait clair, il ajoute qu’« il devient chaque jour plus évident que la mutation numérique est non seulement une nécessité mais une chance pour la presse.»
Le rapport de Patrice Martin-Lalande
Car 2011 est la dernière année budgétaire pour l’aide exceptionnelle (464 millions cette année) décidée lors des états généraux de la presse écrite et, dans un contexte de restriction budgétaire, les éditeurs craignent une disparition de subventions qui, faute de leur avoir permis de changer de modèle, ont payé leur fonctionnement courant. « L’idée de mettre fin à cet excès de sollicitude progresse régulièrement jusqu’à mettre en danger les montants prévus pour l’année 2011 », s’alarme le directeur de Libération, Laurent Joffrin qui prie la profession de « s’appuyer sur [le rapport Cardoso] pour écarter tout risque de remise en cause de l’effort public en sa faveur. »
Comme en écho, Michel Françaix plaide : « L’occasion manquée de états généraux ne doit pas avoir pour effet de supprimer l’aide à la presse, certains en rêvent peut-être du côté de l’Élysée, mais ce serait la pire des choses. Il convient de la recentrer sur les titres qui en ont le plus besoin, ceux de la presse citoyenne qui garantissent le pluralisme. Or, ils ne bénéficient que de 30 % de l’aide du contribuable. »
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Billet initialement publié sur Le bac à sable sous le titre “Les états généreux de la presse écrite”
Image CC Flickr mudricky
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